Des villes contribuent à atteindre les objectifs de CDN du Maroc

 

 

Des objectifs ambitieux de réductions d’émissions de GES

Le Maroc a émis environ 82 MtCO2e en 2014, représentant près de 0,2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Bien que faiblement émetteur, le Maroc est vulnérable aux effets du changement climatique. Le Royaume s’est donc fortement mobilisé dans la lutte contre le changement climatique en s’engageant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 32% en 2030 par rapport au scénario « au fil de l’eau » dans le cadre de sa CDN (Contributions Déterminées au niveau National). Cet engagement ambitieux est conditionné au soutien d’un appui financier international de l’ordre de 45 milliards de dollars.

Cet engagement se traduit par un objectif de réduction de 23% de la consommation d’énergie du secteur des transports. Ce secteur est le second plus émetteur de GES liés aux consommations d’énergie et a connu la plus forte augmentation depuis 1990. L’enjeu est donc de taille.

Si, au niveau local, de nombreuses villes marocaines ont développé des PDU (plans de déplacements urbains), la prise en compte des émissions de GES et l’intégration de mesures d’atténuation dans le cadre de l’élaboration et du suivi de ces plans est encore rare. 

Au niveau national, une consolidation des actions menées aux échelles locales est indispensable pour s’assurer de leur compatibilité avec les engagements de l’Accord de Paris et venir alimenter les travaux de construction du volet transport des CDN. De plus, l’homogénéisation des pratiques entre villes marocaines est indispensable pour un bon pilotage global et faire converger les différentes initiatives.   

Accompagner la montée en compétence des acteurs marocains dans le développement d’un cadre méthodologique commun pour la mise en œuvre d’un dispositif MRV (Mesurer-Rapporter-Vérifier) des émissions de GES dans le secteur des transports apparaît comme primordial. Ce cadre méthodologique nécessite ensuite une assistance pour le décliner à l’échelle de chaque ville. 

L’expérience Marocaine de la mesure des émissions de GES

Dans le cadre de l’initiative MobiliseYourCity, l’ADEME, appuyée par le cabinet ICare, a engagé, en 2018, avec plusieurs collectivités marocaines le développement d’une méthodologie MRV-GES des transports urbains. 

Le Maroc a été l’un des premiers pays à rejoindre l’initiative avec 13 villes partenaires. Des actions de renforcement de capacité mises en œuvre par l’AFD ont conduit à la création d’un Club des Villes MobiliseYourCity au Maroc. Ce club a été mobilisé pour la mise en œuvre d’un dispositif de MRV-GES lié à la mobilité urbaine. Le plan d’action suivant a été mis en œuvre : 

  • Formation des villes à la démarche MRV-GES,

  • Accompagnement de trois villes pilotes (Casablanca, Oujda, Rabat) dans la mise en œuvre du dispositif, 

  • Rédaction d’un guide méthodologique à destination des villes.

Un cycle de trois sessions de formation a été proposé aux 13 villes engagées dans la démarche. Ce cycle de formation a permis d’aborder un large panel de sujets : du contexte global du changement climatique, aux modalités de mise en œuvre d’une démarche MRV-GES, avec un focus sur la question de la donnée, en passant par les questions de mobilité urbaine et qualité de l’air. 

Casablanca, Oujda et Rabat ont disposé, en tant que villes pilotes, d’un accompagnement plus spécifique à la mise en place d’un système MRV-GES.

De nombreux enseignements ont pu être dégagés de cette première expérimentation.  

  • La question de la collecte des données est cruciale: l'expérimentation a révélé un certain manque de cohérence dans les données, nécessitant l'utilisation d'hypothèses et l'estimation de l'évolution de certaines données. Le prétraitement des données brutes est essentiel.

  • Un enjeu important réside dans l'identification des interlocuteurs à mobiliser: au-delà des référents transports, la mobilisation des cadres et des élus «environnement» est essentielle à la conception d'une approche intégrée et à la mise en place d'une réelle transversalité au sein des services.

  • Un besoin d'articulation des approches (Observatoire de la mobilité, MRV-GES, PMUD, etc.) a été identifié par les villes, et en particulier l'intérêt de mutualiser la gouvernance et la collecte des données

Dans la continuité de cette première expérience, de nouvelles actions méritent d'être explorées, notamment la question de la qualité de l'air. 91% des habitants de la planète respirent de l'air pollué, ce qui fait quelque 7 millions de morts chaque année. L'intégration d'un composant de qualité de l'air dans le système MRV semble être une nécessité.

Pour télécharger le calculateur d'émissions MobiliseYourCity et les guides et tutoriels pour apprendre à l'utiliser, cliquez ici.

Cet article est basé sur un article initialement publié sur le site Internet de Construction21 dans le cadre d'un dossier spécial sur l'Afrique, ville (s) durable (s): Panorama des projets & solutions précurseurs pour les villes africaines de demain, sous le titre ""Monitoring-Reporting-Verification" (MRV) greenhouse gases to support decision-making in the choice of sustainable mobility in Morocco.

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